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In memoriam

Le 16/05/2021 0

Ceci n’est pas un poème, mais ce petit texte traduit la peine immense que je ressens depuis ce 23 janvier 1983 jour maudit.
E…

 

Voici ce qui est écrit au revers de cette feuille de papier trouvée à l’occasion du débarras d’une bibliothèque. Cette feuille était pliée, cachée derrière une photo encadrée (les clients recherchent des cadres et j’ai pour principe de rendre leur anonymat à tous les objets présentés à la revente). La photographie représentait un jeune homme âgé d’une vingtaine d’années à peine, aux cheveux châtains et à l’allure athlétique. J’appris par la suite les détails de l’accident de moto qui endeuilla toute une famille.
    E… est la jeune sœur de Didier. Un jour, elle ressentit le besoin de lui parler. Elle se confia à une feuille blanche arrachée à un de ses cahiers à spirale, puis elle la glissa derrière la photographie de son frère. C’était une manière symbolique de lui faire parvenir ce dernier message et de sceller l’intimité de ce souvenir dans le secret d’un cadre.
    J’ai toujours pensé que face à la mort d’un être cher, à la peine qu’on en éprouve et aux cogitations métaphysiques qui nous taraudent alors, nous sommes seuls. Profondément seuls. Ainsi, pour se consoler, certains prient pour le repos de l’âme des disparus ou chuchotent, la tête tournée vers un ciel vide, quelques mots en espérant qu’ils soient entendus. D’autres écrivent. Nous nous raccrochons à des photos, à des souvenirs qui nous relient encore à ceux qui sont partis. Mais les photos ternissent et, dans notre mémoire, les contours du visage de ceux que nous avons aimés s’estompent. Cela est bien car il nous faut vivre le reste de notre âge parmi les vivants. Cependant, comme E…, j’aime à croire que, quelque part, le moment venu, un grand frère serrera très fort sa petite sœur dans ses bras.

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