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Poèmes pour la postérité et papiers de famille (2)

Le 27/05/2022 0

Cependant, un détail ne m’a pas échappé. Ce recueil si bien structuré, illustré avec soin par Eugène Levasseur, n’a pas de conclusion. Difficile de concevoir que le poète ne voulut achever son recueil-héritage sans une exhortation finale, une maxime pleine de sagesse ou même quelques vers en guise d’épitaphe… Visiblement, des feuilles manquent alors que ces deux derniers feuillets avaient été ajoutés au cahier : on le voit clairement au niveau de la couture. L’auteur voulut donc poursuivre son œuvre. En outre, les petites taches d’encre visibles au verso du dernier poème, en bas, ne coïncident pas avec le tracé des lettres au recto et on peut lire la lettre « T » majuscule sur la première des minces bandes. Alors ? Que contenaient ces dernières pages si proprement coupées ? Repentir de l’auteur ? Censure familiale posthume ?

Généalogie

Voici l’occasion de mener une enquête et de redonner vie à un poète, abandonné des siens, dont les écrits, si intimes, furent vendus au prix de huit euros au premier venu.

Pour cela, je vais faire appel à mes compétences en généalogie. La généalogie, c’est avant tout l’ensemble des techniques qui permettent de retrouver la trace des ancêtres ­ (les siens comme ceux des autres) ­ afin de les extraire de l’oubli, du passé, pour les inclure à nouveau dans la mémoire des vivants par la conservation et la diffusion des informations récoltées. Revenons à la première page du recueil et menons donc l’enquête !

CIbler les informations familiales

C’est la troisième partie, « Biographie de l’auteur hommages posthumes aux siens » qui va bien sûr nous apporter le plus d’informations sur la vie d’Eugène Levasseur. Le premier poème autobiographique (voir photo ci-dessus) nous apprend que l’auteur naquit à Pavilly le 25 décembre 1868 et qu’il passa son enfance à Cressy petit village de canton de Bellencombre en Seine Inférieure.
 

A la lecture de son poème, il est possible de reconstituer une partie de son enfance en milieu rural. Il fut entouré de deux figures maternelles : sa mère et sa tante (qu’il semble avoir davantage apprécié). A 20 ans il fut incorporé au 14e régiment de Dragons au camp de Châlon. Après la mort de son père, c’est sa tante qui joua l’entremetteuse pour lui trouver une épouse, Louise, qui mourut au bout de 35 ans de vie commune. Le veuf, souffrant de la solitude, avoue dans un dernier vers Mais pour moi, c’est la nuit ! Comme la plupart des poèmes et parutions semblent dater du début des années trente, on pourrait se demander si le veuvage, le deuil, la perspective de sa propre mort ne furent pas à l’origine des débuts littéraires d’Eugène Levasseur…

Le poème suivant, dédié à sa défunte femme, est accompagné d’une photographie en médaillon représentant une dame âgée d’une soixantaine d’année : Louise Maillard décédée le 12 juillet 1928. Les strophes semblent montrer qu’Eugène Levasseur était très attaché à sa femme. Les poèmes suivants sont consacrés à Gustave Maillard, peut-être son beau-père, à ses nièces et neveux, puis à Madame Gustave Maillard et, enfin, à Henri Maillard décédé le 26 juin 1920 des suites de la guerre 194-1918 et à ses deux fillettes Gilberte et Suzanne.
A suivre...

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