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Les reliures Jotau : rares mais anecdotiques…

Le 25/09/2022 0

C’est rare et c’est la première que je trouve, malheureusement, c’est encore plus rare d’en trouver en bon état !
Moi qui aime la période Art Nouveau - Art déco, les curiosités et l’esprit « d’avant-garde », voilà qui m’intéresse…

Du plastique avec un vrai livre dedans !

Ce livre-objet, dont je parlerai plus loin, contient un ouvrage de Francis de Croisset intitulé « La Féérie cinghalaise » imprimé sur vélin. Il ne s’agit pas de l’édition originale sur grand papier car celle-ci date de 1926. Il s’agit simplement d’une réédition sans illustration (c’est dommage) dans la collection "Bibliothèque Grasset" en 1929.

On dit que, souvent, ce type de reliure accueille des livres sans grand intérêt littéraire ou des titres ayant remporté un franc succès de librairie (ce qui, en France, suffit à les dénigrer). Cela me semble faux car on trouve –à un prix prohibitif il est vrai– des ouvrages des auteurs classiques de la littérature de l’époque reliés en Jotau.

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Après avoir parcouru quelques pages de la « La féérie cinghalaise », je puis dire que cet ouvrage n’a rien d’un best seller de mauvaise qualité. Hormis le point de vue colonialiste propre aux voyageurs de l’époque, les portraits sont vivants et l’exotisme rendu avec une forme d’étonnement teinté d’objectivité, voire de naïveté, qui n’est pas déplaisante aux lecteurs d’aujourd’hui blasés de tout à force d’Internet et de reportages télévisés.

Un livre à charnières

Les reliures « JOseph TAUpin », créées vers 1930 par la maison Brodard et Taupin, sont thermoformées dans une résine de type bakélite (Pollopas, breveté). De coloris divers : rouge, bordeaux, olive, gris, bleu ou noir (la couleur qui me paraît la plus sobre et la plus seyante), cette matière synthétique est par nature cassante (et le temps n’arrange rien). Ceci explique la difficulté de trouver des Jotau en excellent état (défauts habituels : déformation des plats, éclats et fêlures au niveau des hauts et bas de coiffe, chocs aux coins, manques aux charnières, absence de plaque de titre au dos).

Voir ici un intéressant article sur la réception critique de cette nouveauté par le monde de la reliure et du livre en 1933.

Outre l’emploi d’une matière synthétique (déroutant pour les bibliophiles qui ne jurent que par les matières « nobles » comme le cuir ou le papier), la particularité technique repose sur le principe de la charnière.

Les plats constituant deux parties indépendantes du dos, ils pivotent librement au moyen d’une charnière composée d’anneaux traversés par une tige métallique. Grâce à cette tringlerie, fini le temps des mors en cuir qui se coupent (mon cauchemar quand le cuir de la reliure a séché). Finies les reliures qu’on ouvre qu’à moitié, avec mille précautions, ne nous révélant pas pleinement les ornements du texte !

Les plats sont parfois ornés, de part et d’autre de la plaque de titre, d’éléments de décor métalliques aux motifs semi-circulaires typiquement Art déco. Ce ’est pas le cas pour le modèle présenté ici.

Les Jotau furent produites en plusieurs tailles (les in-8 étant bien sûr les plus répandues) jusqu’aux années 50-60.

 

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