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Poèmes pour la postérité et papiers de famille (3)

Le 04/06/2022 0

Affinons nos recherches dans le cahier.
En généalogie, il faut glaner tous les renseignements disponibles pour reconstituer la vie et la personnalité de ceux qui nous ont quitté.

Les informations complémentaires dispersées dans le cahier

Dès la première page nous glanons des informations précieuses : Eugène Levasseur fut artisan, il a une nièce Yvonne Allain, née Maillard et que son mari se prénomme Jules (les généalogistes de demain regretteront amèrement la disparition de cette pratique sexiste qui consistait à attribuer à l’épouse le prénom du mari précédé de « Madame »).
Quelques pages plus loin, un article du Sottevillais daté d’octobre 1933 précise : un diseur se glissa entre deux baisser de rideau pour donner au public une petite peinture symbolique : « Aux fleurs du souvenir », de notre concitoyen-poète, M. Levasseur. Par une mention manuscrite (qu’il ne faut jamais négliger en généalogie), le poète a même précisé le contexte de cette parution : Patronage St Jean Sotteville. Nous savons donc qu’Eugène habitait Sotteville, en tout cas, en 1933, et qu’il n’hésitait pas à payer de sa personne pour obtenir une forme de reconnaissance car déclamer ses vers en public, de manière impromptue n’est pas chose aisée.

C’est une constante en généalogie : la volonté de passer à la postérité, le souvenir d’un moment de gloire, en un mot la vanité, ont conduit nos ancêtres à nous laisser de précieux indices derrière eux.

Ensuite, on remarque le titre d’un poème : « Sous les pommiers de Cressy », un toponyme que nous retrouverons un peu plus loin. Un autre article, tiré de « La dépêche de Rouen » du 12 septembre 1933 (indication manuscrite de l’auteur) et paru à la rubrique « Rouen qui passe » doit retenir notre attention. Le chapeau précise : Sotteville-lès-Rouen a son poète : M. Eugène Levasseur, qui de son logis de la rue de Trianon, nous envoie des strophes bien venues… Nous disposons maintenant de l’adresse de notre ancêtre et comprenons, qu’en qualité de poète, il recherchait la publication (c’était à une époque où les journaux locaux servaient volontiers de tribune aux poètes). La suite de l’article Robert Delamare, affirme que ces vers révèlent un cœur généreux, que l’auteur de ce poème admire les grands écrivains. Même si ce type d’informations subjectives est à considérer avec toute la distance nécessaire (le travail du journaliste est de valoriser toutes les initiatives locales), page après page, s’esquisse un portrait moral d’Eugène Levasseur. La généalogie, c’est aussi cela : se demander quel caractère avaient nos ancêtres, en quelles valeurs ils croyaient ou quels rapports ils entretenaient avec leur environnement…

Revenons au poème « Jours de mélancolie » (voir photo ci-dessus), publié en 1933 dans le « Sottevillais ». La présentation confirme les informations collectées sur Eugène Levasseur : L’air de Sotteville serait-il favorable à la poésie ? Nous avons reçu cette pièce de vers d’un de nos voisins, artisan qui taquine la Muse après avoir allègrement tiré le ligneul. Notre concitoyen a déjà reçu des compliments des plus honorables d’un écrivain des plus connu de notre département et du plus en vue des journalistes-poètes rouennais, qui l’ont encouragé à persévérer.

Grâce à des mentions manuscrites, nous savons que ce poème a été composé en guise de réponse à un poème d’Edmond-Pierre Tréhouron, membre de la Société des gens de lettres de France. « L’écrivain des plus connus de notre département » sans doute. Quant au « journaliste-poète rouennais », il pourrait s’agir de Robert Delamare dont l’article a été cité plus haut.

Entre les lignes...

Voici les informations collectées grâce au cahier. Mais il faut avoir un peu d’esprit de déduction, s’intéresser aux zones d’ombre et savoir « lire entre les lignes » du destin. Au moins deux éléments devraient interpeler les lecteurs à ce stade de l’enquête : la surreprésentation de la famille par alliance (la belle-famille comme on dit, c’est inhabituel) et, un manque flagrant, l’absence de filiation.

En effet, pas de photos du père et de la mère, aucune allusion à des frères ou sœurs d’Eugène Levasseur. De même, aucun poème n’est dédié à un fils ou à une fille et aucune strophe du poème autobiographique n’évoque l’enfantement ou la naissance (thème pourtant propice au lyrisme poétique). Le couple Levasseur n’eut-il jamais d’enfant ? Le décès d’enfants en bas âge et la stérilité au sein du couple étaient des phénomènes courants à la fin du XIXe siècle. Les dernières volontés du poète léguant ce recueil à sa nièce Yvonne Maillard semblerait le prouver. De plus, l’unique poème dédié à la jeune génération, illustré par un portrait de mariés, fut recopié dans la première partie « Strophes variées au fil des jours ». Il n’est pas fait mention de lien paternel. Il s’agit peut-être d’un portrait de sa nièce, légataire du recueil, et de son époux ? Voici des « zones d’ombre » à éclaircir…

Maries

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